Comment est financé le cours Clovis ?
Hors contrat, le cours Clovis ne reçoit aucune subvention publique. Il ne demande que 10 % du coût réel de la scolarité des enfants à leurs parents – 40 à 50 euros par mois – et doit donc se démener pour récolter les 350 000 euros annuels nécessaires auprès de mécènes, fondations, entreprises… et particuliers.
Quel est le but du cours Clovis ?
Mes trois années au service du développement d’Espérance banlieue m’ont permis de me rendre compte qu’avec l’éducation on peut trouver des solutions à des problèmes sociaux et culturels qu’on pense insolubles. J’ai voulu transposer cette expérience aux zones rurales, dont je connais les difficultés spécifiques, ayant moi-même grandi au milieu des champs de betteraves autour de Roissy. Décrochage scolaire, illettrisme, chômage hérité et endémique, éclatement des familles…
Quand un enfant de milieu rural allume la télévision ou se connecte aux réseaux sociaux, tous les modèles culturels qu’il voit viennent des métropoles. Il n’est représenté nulle part. Cela induit une autodévalorisation qui crée des barrières, l’empêche de se lancer et de croire en son étoile. Lorsque nous sommes venus, les professeurs et moi-même, nous installer ici, à La Fère, les gens ont pensé que nous étions fous ! L’enjeu est de revaloriser les élèves dans ce qu’ils sont et de leur rendre la fierté de leur héritage local.
Quels moyens avez-vous mis en place pour répondre à ce défi ?
Nous avons deux objectifs principaux : la transmission des savoirs fondamentaux et redonner confiance aux enfants. Pour atteindre le premier objectif, nous avons de petits effectifs, pas plus de quinze élèves par classe : on peut ainsi les suivre et s’adapter à leur niveau scolaire. Quant à redonner confiance aux enfants, c’est un objectif en soi, mais également l’une des conditions essentielles de la transmission des fondamentaux : un enfant qui ne va pas bien ne peut pas apprendre. Nous les valorisons donc constamment, et leur faisons prendre conscience de leurs talents. Nous parlons avec bienveillance de leur région et la leur faisons connaître : le nom de l’école (cours Clovis) et son symbole (le vase de Soissons) ont été choisis parce que Soissons est à quarante kilomètres de La Fère.
Quels sont vos projets pour les prochaines années ?
Avec le développement du collège – cinquante élèves devraient faire leur rentrée en septembre prochain –, je me consacrerai à temps plein à la recherche de fonds, et recruterai un directeur pédagogique pour diriger l’établissement. Nous ouvrons deux classes de 3e à la rentrée 2019, une générale et une prépa-pro [préparatoire à l’enseignement professionnel, Ndlr]. Cette dernière sera intégrée dans l’école : nous voulons valoriser l’intelligence manuelle, la mettre sur un pied d’égalité avec l’intelligence « classique ».
Nous espérons aussi quitter nos bâtiments préfabriqués et nous installer bientôt au château de La Fère, abandonné depuis six ans. Plus largement, nous aimerions ouvrir un deuxième collège en Thiérache, pas très loin d’ici, pour pouvoir mettre en réseau les équipes éducatives. Enfin, nous voudrions dupliquer ce modèle de développement en « plaque régionale » dans une autre région de France, d’ici deux à trois ans.
Source : famillechretienne.fr, « Jean-Baptiste Nouailhac : « Rendre aux élèves la fierté de leur héritage local » », publié le 08/04/2019, https://www.famillechretienne.fr/famille-education/enseignement/jean-baptiste-nouailhac-rendre-aux-eleves-la-fierte-de-leur-heritage-local-252836