Apprendre le latin, au XXIe siècle, ce n’est pas un peu dépassé me direz-vous ?!? Bien au contraire ! L’étude du latin au collège facilite énormément les apprentissages des élèves. Rencontre avec Guillemette, ancienne volontaire Service Civique au Cours Clovis, est aujourd’hui professeur de latin au collège.
Que peut apporter l’apprentissage d’une langue de l’Antiquité ?
Guillemette : Depuis deux ans, nous avons inscrit dans l’emploi du temps des élèves du collège, une heure de latin hebdomadaire. Durant les cours de latin, l’élève est ainsi amené à découvrir la culture latine. L’étude du Latin permet de travailler la grammaire par la gymnastique intellectuelle qu’est l’analyse grammaticale, de mieux saisir l’étymologie des mots français, de développer le vocabulaire et de donner un sens à l’étude de la langue française en levant le voile sur une infinité d’explications. Cette transmission est très enrichissante et ouvre des perspectives de compréhension fabuleuses (en histoire, en littérature, en arts plastiques, en musique etc… )
Que répondez-vous à ceux qui pensent que le latin n’a aucun intérêt ?
Guillemette : Il y a beaucoup d’intérêts à apprendre le latin. L’étude de cette langue permet de toucher du doigt que notre langue a une provenance latine et de faire prendre conscience à l’élève de son héritage, de là où il vient. Par l’étude des textes de l’Antiquité, elle permet d’approfondir la compréhension de la langue française par le travail sur la traduction et la nature des mots, leur fonction et la syntaxe des phrases. Elle est également une aide pour améliorer l’orthographe, grâce à l’étymologie des mots et permet d’améliorer l’esprit logique par l’analyse grammaticale.
Voyez-vous des progrès chez vos élèves ?
Guillemette : Oui il y a des progrès concrets, même s’ils restent parfois modestes. Par exemple, la plupart des élèves ont maintenant compris qu’on commençait par chercher dans la phrase la nature des mots, puis leur fonction, et que la fonction la plus importante dans la phrase est le sujet. En version (c’est-à-dire traduction du latin vers le français), il faut d’abord chercher les noms qui peuvent être au nominatif, avant de s’occuper des compléments. Plusieurs élèves ont maintenant le réflexe de se dire que si le verbe est au pluriel, le sujet est forcément au nominatif pluriel parce que les deux s’accordent. Et par la suite, ils déclinent ces mêmes liens d’accord en Français quand il s’agit d’écrire une phrase.
Les élèves apprécient-ils le latin ?
Guillemette : Cela dépend des élèves ! Certains sont tentés de se décourager à cause de l’effort intellectuel et de la rigueur que cela demande, car en latin, impossible de faire semblant de savoir. Ceux qui ont de bonnes capacités en français (ou même en mathématiques) aiment pratiquement toujours le latin parce qu’ils trouvent en lui un jeu intellectuel qui les met au défi, une énigme à résoudre. Mais l’objectif de ces cours n’est pas de mettre en difficulté les élèves, bien au contraire. Il s’agit de leur offrir une compréhension plus fine des mots, de les aider à préciser leur pensée, pour mieux comprendre le monde et se faire comprendre. Grâce aux petits effectifs des classes, nous pouvons accompagner chacun à son rythme.